L’interview du mois – Marc Travers – Cofondateur d’Imagin VR
Qui êtes-vous ?
J’ai un parcours atypique, je n’ai pas de formation d’informaticien ou d’ingénieur mais un BTS commerce. J’ai trouvé un job de commercial dans un centre de réalité virtuelle et rapidement je suis devenu conseiller technologique. J’ai arpenté le Grand Ouest pendant 10 ans ce qui m’a permis d’avoir une vision très claire des besoins en réalité virtuelle de grands groupes comme Lactalis, Airbus mais aussi de PME et d’artisans.
C’est à cette période que j’ai rencontré mon associé, Marc Douzon, Marco. Lui est ingénieur informatique, il gère la partie tech, moi je recueille les besoins et je fais l’interface entre les ingénieurs et les clients. Nous sommes très complémentaires, ce qui fait notre valeur ajoutée.
Imagin VR, c’est quoi ?
Nous avons co-fondé Imagin VR en 2018 à Laval. Nous concevons des solutions immersives, interactives et collaboratives en réalité virtuelle. Chaque solution est unique car adaptée aux besoins de nos clients.
Nous sommes connus, et reconnus, pour nos cubes de réalité virtuelle. Ce sont des caissons constitués de parois en écran sur lesquelles nous projetons des scénarios en 3D. Notre kit contient un projecteur, le logiciel pour créer un scénario et des lunettes 3D. Nous ne travaillons pas avec des casques dont l’usage peut entraîner des effets indésirables (cf. l’étude de l’ANSES).
Aujourd’hui, nous avons le vent en poupe. Nous avons la confiance des industriels de l’aéronautique, du naval, de l’automobile, de la défense militaire, du ferroviaire, de l’agro-alimentaire… ce qui nous permet de rendre notre technologie accessible à de plus petites entreprises. Nous travaillons avec des artisans, des coiffeurs, des cuisinistes, mais aussi avec des lycées et des universités.
Nos cubes sont particulièrement probants dans le domaine de la formation car ils permettent aux enseignants et aux apprenants d’évoluer ensemble dans l’environnement projeté. Un environnement que les formateurs peuvent facilement concevoir eux-mêmes. Des professeurs du lycée de Caen ont ainsi pu créer en toute autonomie 50 heures de TP et le CNAM Normandie a lancé un nouveau Bachelor sur les bâtiments du futur.
Et la santé ?
Tout a commencé il y a 7 ans avec le pôle d’excellence sur l’autisme du CHU de Tours. Nous avons d’abord financé un projet de recherche sur nos fonds propres, car c’est un sujet qui touche nos familles et qui nous tient à cœur. Nous avons mis au point un cube sensoriel qui permet d’exposer sans risque des patients à des stimulis. Nous avons par exemple recréé le cabinet d’un dentiste pour immerger et familiariser un patient à cet environnement anxiogène.
Cette technique dite d’habituation ou d’exposition thérapeutique permet aussi d’accompagner des patients sujets à des troubles psychologiques, phobies, troubles de la mémoire… Le fait d’être exposé via le cube à échelle réelle dans un environnement réaliste a un impact réel sur le cerveau. Un enfant souffrant de phobie canine a ainsi pu être soigné. Sa psychologue a filmé un parcours dans sa ville et dans cet univers virtuel, elle a de nouveau habitué l’enfant à croiser des chiens. Au bout de 6 mois, un déblocage psychologique s’est produit et l’enfant ose à nouveau aller se promener.
Des professeurs du CHU de Tours ont présenté le concept à un congrès et aujourd’hui 10 centres sont équipés de nos cubes en France. Une étude randomisée, financée par le CHU de Tours, est actuellement en cours sur une centaine d’enfants. Le budget global d’une solution varie entre 30 et 80 mille euros. En soignant une seule personne, elle est déjà rentabilisée.
Nous observons qu’une communauté d’utilisateurs se crée entre thérapeutes et formateurs. Ils s’échangent des vidéos, des scénarios et sont en train de valider de véritables protocoles de soin. Il existe des contenus standards et d’autres spécifiques selon les pathologies des patients.
Quelles sont les prochaines étapes pour Imagin VR ?
Nous travaillons actuellement avec le CHU d’Angers sur les troubles de la mémoire et alzheimer. Nous avons aussi un projet avec le groupe mutualiste VYV en Loire-Atlantique pour améliorer l’habitat des personnes âgées ou en situation de handicap. Le futur habitat est scanné et projeté dans le cube et la personne peut le découvrir, accepter le déménagement à venir et aider aussi au diagnostic de ses besoins. 28 logements ont ainsi été refaits via notre solution.
solutions sur étagère : pas solutions si pas robuste et déployable à grande échelle, si mise sur le marché on a déjà validé tout intérêt, si viable,
dans cube sensoriel sur thérapie par exposition thérapeutique : dentiste = odeur? encore perfectible, pas si truc défaillant, prenez un diffuseur d’odeur clou de girofle mieux que si développer électroniquement
Les grands enjeux pour la réalité virtuelle dans la santé ?
La réalité virtuelle permet d’ouvrir des perspectives notamment dans le domaine de la formation. En faisant connaître et en rendant accessibles ces solutions aux thérapeutes, ils peuvent les investir et trouver de nouvelles applications que ce soit pour sensibiliser les professionnels des hôpitaux aux comportements alimentaires ou à la chute en milieu médical, ou pour former les étudiants en médecine.
L’IA va aussi permettre de gagner du temps dans la création des contenus. Elle pourra être un support pour les graphistes, par exemple pour modéliser plus vite une chambre d’hôpital en 3D.
Pourquoi Laval en Mayenne ?
Je suis originaire de Fougère près de Rennes en Bretagne. Il y a plusieurs années, j’ai suivi ma femme qui venait d’être mutée en Mayenne. C’est une chance, car la Mayenne est une terre d’entrepreneurs.
En 2023, j’ai été sollicité pour prendre la présidence de la French Tech. J’ai accepté car j’avais remarqué que les industriels ne connaissaient pas les pépites de leur territoire. Nous organisons des petits déjeuners et des conférences pour favoriser les rencontres et présenter les dernières nouveautés technologiques. Plusieurs projets sont nés de ces initiatives.
Pourquoi êtes-vous membre de la French Care?
Pour faire le lien entre la tech et le care. Je veux aider les entreprises de la tech à échanger avec des professionnels de la santé et du soin, afin d’améliorer les conditions de vie des gens, que ce soit des patients ou des soignants.