Portrait de Alexandra Laroche-Chaïb – Fondatrice de Docteur Sirop

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DOCTEUR SIROP

Vous serez sur la scène du Cercle lors du BIG 2025 le 23 septembre prochain. Quel message allez-vous porter ?

 

Mon message est que l’enfance est une source d’inspiration pour entreprendre. Je viens d’un milieu populaire, j’ai grandi dans une cité avec un papa solo ouvrier qui travaillait beaucoup, un grand frère et une grande sœur. Je me suis construite seule sans personne ressource autour de moi. Il faut une résilience folle. Cela a élargi mon imaginaire et m’a donné une facilité à pousser les portes. J’ai donné une éducation opposée à mes filles. Je passe un maximum de temps à jouer avec elles pour leur donner du sens.

Le thème du BIG 2025 est la vérité. Ma vérité est de servir une cause et un projet plus grand que moi. Mon objectif avec Docteur Sirop n’était pas de faire du business mais en tant que maman confrontée à la maladie d’un enfant, d’apporter une solution aux enfants, aux parents et aux soignants et d’avoir le sentiment d’être utile à quelque chose sur cette planète. Cette appli c’est le graal pour moi, elle est comme je l’avais rêvée.

Mon intuition est qu’il ne faut pas suivre les règles pour réussir mais qu’il faut bâtir ses propres règles en accord avec ce que l’on est, par conviction et non par conformisme. Avec Docteur Sirop, je suis alignée entre ce que je pense et ce que je fais.

Quel est votre parcours?

J’ai 43 ans et j’habite à Nancy avec mes deux filles de 14 et 9 ans. L’aînée est née avec un handicap moteur, une jambe très petite qu’il a fallu allonger. C’est un parcours long et difficile qui exige des séances de kiné quotidiennes. Je connais donc bien les hospitalisations à répétition et je me suis retrouvée plus d’une fois démunie face aux questions, aux craintes et aux angoisses de ma fille. Qu’il est difficile pour un parent de trouver les mots pour expliquer et faire accepter un traitement ou un soin, et l’on ne peut pas toujours compter sur le personnel soignant qui doit gérer une pression constante et a de moins en moins de temps à accorder aux patients et qui plus est aux parents.

Docteur Sirop aurait pu naître à ce moment-là, mais l’idée a germé quand je me suis retrouvée face à ma seconde fille qui ne voulait pas prendre ses médicaments. J’ai cherché une solution pour les parents et j’ai constaté qu’il n’existait rien pour aider à l’observance thérapeutique.

Je ne viens pas du domaine de la santé, mais de la distribution. Jusqu’en janvier 2024, j’étais cadre commercial pour l’opérateur téléphonique SFR et à partir de juin 2021, j’ai créé et développé Docteur Sirop.

Pourquoi avoir fondé Docteur Sirop

 

La société exige d’être un bon parent, étayant et pédagogue mais on a pas toujours l’énergie de l’être. Mon ambition était d’apporter une solution clé en main pour les parents d’aujourd’hui.

J’ai commencé à réfléchir à une première boîte de jeu. J’ai un imaginaire assez large, je suis très créative et la gamification fait partie de mes méthodes éducatives. Je passe toujours par le jeu avec mes filles pour leur enseigner quelque chose ou leur faire intégrer des apprentissages. C’est ainsi qu’est née la box “Docteur Sirop t’aide à prendre tes médicaments ».

Puis j’ai créé une deuxième box sur le sommeil de l’enfant “Docteur Sirop t’aide à faire dodo” et une troisième “Docteur Sirop t’accompagne à l’hôpital” (ou est-ce la recharge mission sous-marine???). Nous avons commencé la vente en ligne début 2024 et nous avons vendu 15 000 boîtes sur ces trois références. Mon précédent parcours dans la distribution m’a grandement aidé pour cette étape.

La box médicament a reçu le prix Innovation de Magicmaman et en 2024, j’ai été lauréate du concours “101 femmes de Matignon.

En parallèle de ces produits d’édition, j’ai commencé à travailler à une app utilisant l’IA pour que l’enfant se voit en appel face time avec Docteur Sirop. J’ai été confrontée à la difficulté de l’hospitalisation des tout petits, c’est très clinique, très froid. Le personnel soignant se démène pour trouver des solutions pour les enfants mais n’a pas le temps de faire du SAV pour les parents. Je me suis dit, si j’inventais une app pour répondre aux besoins des enfants, des parents et du personnel soignant.

Docteur Sirop, c’est quoi ?

 

L’application Docteur Sirop est un outil d’éducation et de prévention à la santé en pédiatrie. Nous l’avons co-créé avec le service d’oncologie du CHU de Nancy et je travaille avec une équipe clinique bénévole, un médecin et une psychologue clinicienne qui croient beaucoup au projet, et avec un graphiste qui numérise ce que j’ai en tête.

Sous la forme d’une application personnalisable, Docteur Sirop accompagne l’enfant dans sa prise de médicament et l’aide à suivre son parcours hospitalier. Le jeu permet de capter l’attention de l’enfant malade. Il va gagner des points “super cortex” en apprenant à mieux connaître son corps et sa maladie et il va être récompensé par des points “super mission” dans son parcours de soin (toilette, prise de sang, chimiothérapie).

Pour que l’enfant ait envie d’utiliser l’application, il va pouvoir la personnaliser en choisissant son avatar, son titre d’agent secret, son nom de code, sa couleur préférée, préciser aussi qui est son chanteur ou son activité préférée. L’éducateur va utiliser ses données pour mieux accompagner l’enfant pendant ses soins ou pour le rassurer avant ou aprè une opération.

L’application actuellement en développement permet grâce à la réalité augmentée de projeter Docteur Sirop directement dans la chambre du petit patient et grâce à une IA clinique de lui poser des questions sur sa nuit, sur son état, sur sa douleur…

Le personnel soignant reçoit alors une synthèse qui décrit les ressentis et l’état de l’enfant. Cette synthèse peut être traduite dans de nombreuses langues afin d’éviter les erreurs de diagnostic et c’est un vrai sujet dans certains hôpitaux où parfois 50% des enfants ne parlent pas français.

Grâce aux données collectées, l’application peut émettre des alertes vers les parents et les soignants si des mots comme “peur”, “suicide”, “harcèlement” sont employés par l’enfant dans ses échanges avec Docteur Sirop.

Le jeu permet également d’aborder les sujets du consentement ou de la douleur. L’enfant apprend à faire la différence entre ce qui est désagréable et ce qui fait mal. Des questions sous forme de quizz lui sont posées ensuite par Docteur Sirop pour valider ses apprentissages. L’enfant peut écrire et lire les contenus ou pour les plus jeunes, communiquer via un micro.

Quelles sont les prochaines étapes pour Docteur Sirop ?

 

Je veux que cette application soit gratuite et disponible pour tous les enfants et tous les parents. Nous travaillons actuellement sur une version beta, développée par Unicorn à Nice et la version finale devrait être disponible dans quelques jours sur les plateformes.

Nous commençons aussi en parallèle à démarcher des entreprises partenaires. La RSE étant importante pour les grandes entreprises, mon business model est de créer des partenariats entre des grandes entreprises et des hôpitaux. L’entreprise financera comme un sponsor l’abonnement mensuel de l’hôpital à l’appli.

Notre cible prioritaire, ce sont les assureurs, les mutuelles et les labos pharmaceutiques qui ont un lien direct avec les malades et pour qui le travail de prévention est essentiel. Notre objectif est de travailler avec une centaine d’hôpitaux d’ici la fin de l’année.

Nous sommes actuellement en levée de fonds pour financer notre politique d’exportation à partir de 2026. Nous visons le marché francophone du Canada, les USA où la prévention est majeure du fait de leur système de santé privé et la Corée du Sud où la gamification est déjà très présente.

Pourquoi êtes-vous membre de la French Care ?

 

Je fais déjà partie de la communauté du cop créa en tant que femme entrepreneur et j’ai trouvé intéressant de rejoindre La French Care pour me rapprocher de l’écosystème santé et de son réseau spécifique. Je viens tout juste de rejoindre cette communauté cet été.